Dimanche 1er septembre 2019 - Papeete, jour blanc

La première impression lors de l’arrivée à Papeete est sans doute l’étonnement : vous êtes littéralement déconcerté. Avec le temps, nous sommes pétris par nos migrations successives, c’est à la fois intéressant et dommage, cela entraîne d'inévitables comparaisons…

En observant cette cité, j’ai pensé « on dirait un croisement entre Motril et Shanghai… ».

Motril est l’une des villes les plus laides d’Andalousie, frappée par la misère et la disgrâce. Shanghai est l’une des villes les plus fascinantes de Chine, elle vous happe, vous ensorcelle par sa beauté primaire et construite, la nature imposante même en centre-ville et la débauche de plastique ou de panneaux qui s’étalent partout.

Tout est paradoxe et subtilité à Shanghai, tout est morbide à Motril. À Papeete, nous nous situons un peu entre les deux.

La ville a certainement été magnifique il y a très très longtemps, construite autour de ses sources d’eau douce, puis élégante au moment de la colonisation occidentale pour finir dans une forme de chaos architectural dans les années 1960 lors de la vague migratoire des français vers Tahiti.

Elle semble aujourd’hui abandonnée, le front de mer a été rénové et offre une belle promenade, le reste ressemble à ces villes fantômes construites puis délaissées pour des motifs divers.

Mais il ne faut pas se fier à ces images prises un dimanche, jour blanc, chaud et sans soleil, quand la cité est déserte. Papeete se mue en centre grouillant tous les jours de la semaine car c’est la plus grande ville de l’île.

On peut regretter la destruction du quartier colonial, aujourd’hui totalement disparu et les choix trop éloignés de l’habitat local authentique pour édifier des bâtiments dont l’esthétisme est… discutable. Les principales villes tahitiennes gagneraient à être rénovées sur la base des traditions architecturales d’autrefois, autant pour offrir des habitats plus confortables (le métal et le béton imposent l’usage de climatiseurs pour éviter l’effet fournaise), que pour la préservation de l’environnement. Et enfin pour le plaisir des yeux. À bon entendeur…

Finalement, Papeete est le fruit d’un rendez-vous manqué entre l’Orient et l’Occident.

Papeete viendrait des mots polynésiens pape (eau) et ete (paniers dans lesquels les récipients contenant l'eau sont posés).

Photographies ©ALX&NX2019

Infographie ©ALX2019